Numéro |
Cah. Agric.
Volume 32, 2023
|
|
---|---|---|
Numéro d'article | 25 | |
Nombre de pages | 12 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cagri/2023018 | |
Publié en ligne | 15 septembre 2023 |
Article de recherche / Research Article
Politique d’import-substitution au blé et compétitivité des farines panifiables à base de manioc, banane plantain et patate douce au Cameroun
Wheat import-substitution and competitiveness for cassava, plantain and sweet potato-based bread flour in Cameroon
1
Université de Ngaoundéré, Département de Géographie, Ngaoundéré, Cameroun
2
UMR 201 Développement & Sociétés, IRD-IEDES, BP. 320, Yaoundé, Cameroun
3
CIRAD, UMR INNOVATION, F-34398 Montpellier, France
4
INNOVATION, Univ Montpellier, Montpellier, France
* Auteur de correspondance : fofiri_eric@yahoo.fr
Cette étude a pour objectif de documenter le renouvellement d’une politique alimentaire d’import-substitution au Cameroun. Elle interroge en quoi la production de farines panifiables à partir de productions vivrières locales (manioc, banane plantain, patate douce) peut devenir compétitive par rapport aux importations de blé. Elle utilise pour cela un cadre d’analyse de filière et de cluster alimentaires, ainsi que des bases de données primaires et secondaires et des enquêtes. Les résultats confirment une tendance à l’importation croissante de blé, qui présente des risques à l’avenir pour la souveraineté alimentaire. Ils montrent qu’il est difficile de se concentrer uniquement sur un objectif de substitution à la farine importée. La production nationale de manioc, de banane plantain et de patate douce fournit encore peu d’excédents pour répondre aux besoins d’une production industrielle de farines panifiables. En revanche, ces résultats confirment l’opportunité de développement de clusters constitués de petites unités de transformation valorisant une diversité de produits locaux à partir des produits amylacés tropicaux.
Abstract
This study aims to document the renewal of an import-substitution food policy in Cameroon. It examines how the production of bread flour from local food crops like cassava, plantain and sweet potato can become competitive with imported wheat. This study uses a food chain and cluster analysis framework, coupled with primary and secondary databases and surveys. The results confirm the trend towards wheat imports, with risks on future food sovereignty. However, it will be difficult to focus solely on the objective of substituting imported flour. Domestic production of cassava, plantain and sweet potato still provides little surplus to meet the needs of industrial production of bread flour. Nevertheless, these results confirm the opportunity to develop clusters made up of small processing units that add value to a diversity of local products from tropical starch products.
Mots clés : blé / manioc / plantain / import-substitution / système alimentaire / cluster / Cameroun
Key words: wheat / cassava / plantain / import-substitution / food system / cluster / Cameroon
© E.J. Fofiri Nzossié et L. Temple, Hosted by EDP Sciences 2023
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY-NC (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
1 Introduction
Le secteur agricole et alimentaire fait l’objet au Cameroun d’une politique publique structurée par différents cadrages stratégiques pour promouvoir un pays émergent à l’horizon 2035. Une ambition de cette politique, inscrite dans la Stratégie nationale de développement 2020–2030 (République du Cameroun, 2020), est d’assurer la souveraineté alimentaire par le soutien à la préférence nationale en matière de consommation. Cet axe est argumenté par l’accroissement structurel des importations alimentaires centrées sur le riz, la farine de blé et de méteil depuis 1961. Ces importations renforcent le déficit de la balance commerciale et exposent la sécurité alimentaire d’une population à bas revenus à l’instabilité croissante des marchés internationaux. Ces importations sont d’autant plus paradoxales que l’objectif d’autosuffisance alimentaire est affirmé depuis l’Indépendance et que le Cameroun, exportateur de matières premières agricoles, peut produire et transformer une large gamme de produits alimentaires. Au regard de cette interpellation macro-économique, cet article questionne en quoi la production de farines panifiables à partir des productions vivrières de manioc (Manihot esculenta), de banane plantain (Musa x paradisiaca) et de patate douce (Ipomoea batatas) peut devenir compétitive par rapport aux importations de blé centrées sur la farine pour la production du pain et des pâtes alimentaires.
2 Cadre conceptuel et méthode
Le cadre conceptuel et méthodologique mobilise de manière complémentaire un référentiel d’analyse de la compétitivité des filières agricoles (Temple et al., 2011, 2023 ; Falciola et al., 2020) et des conditions d’émergence territorialisée d’unités de transformation alimentaires (Requier-Desjardins et al., 2007 ; Otsuka et Ali, 2020). Nous utilisons deux sources d’information : tout d’abord les bases de données secondaires de la FAO et celles de l’Institut national de la statistique (INS), des ministères de l’Agriculture et du Commerce, mais aussi générées par des programmes et projets agricoles du ministère de l’Agriculture :
Programme national de développement des racines et tubercules (PNDRT) ;
Programme d’investissement et de développement des marchés agricoles (PIDMA) ;
Projet de veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA) ;
Projet de développement des chaînes de valeurs agricoles (PDC_VA).
Nous avons ensuite collecté des informations lors d’enquêtes individuelles ou collectives conduites d’avril à juillet 2021 auprès de structures administratives, coopératives et entrepreneuriales :
6 responsables des administrations en charge de l’agriculture et du développement industriel et gestionnaires de projets et programmes agricoles ;
10 sociétés coopératives de producteurs et transformateurs ;
20 membres du Syndicat patronal des boulangers du Cameroun et du Groupement patronal interprofessionnel.
3 Les enjeux de la transformation structurelle du secteur agro-industriel au Cameroun
Les importations de blé et de farine de blé augmentent structurellement depuis 1961, mais l’analyse historique révèle deux moments clés. À partir de 1995, les importations de farine sont remplacées par des importations de blé, en lien avec l’émergence d’une industrie nationale de minoteries. À partir de 2008, on observe une augmentation quasi exponentielle des importations en termes de tonnage et de kilos par habitant (Fig. 1). Entre 2019 et 2022, la forte augmentation (100 000 tonnes) des importations interroge sur les déterminants liés aux marchés internationaux (Dury et al., 2021) et la possibilité de réexportation (Tchad et République centrafricaine), cependant peu identifiés par les statistiques douanières mobilisables dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Le Cameroun importe ainsi en 2021 plus de 909 497 tonnes de blé pour une valeur de 283 millions de dollars. La charge en devises dans la balance commerciale se fait au détriment de biens d’équipements.
La compétitivité étant déterminée par différents attributs – qualité, coûts de production et de transaction, organisation des marchés, externalités socio-économiques (Temple et al., 2023) –, elle est souvent révélée par l’évolution relative des parts de marché en volume et en valeur d’un pays (Falciola et al., 2020). L’évolution des importations physiques de blé par habitant révèle une perte de compétitivité de l’agriculture vivrière camerounaise. L’analyse d’évolution du même indicateur en valeur différentie trois périodes. Avant 1993, les importations en valeur de blé par habitant sont inférieures à 2 $/habitant. Entre 1999 et 2008, elles doublent à 4 $/habitant. Depuis 2008, elles se situent entre 4 $ et 10 $, avec une moyenne de 8 $/habitant (Fig. 2). Cette tendance présente le risque d’une dépendance structurelle du système alimentaire camerounais aux marchés internationaux et donc d’une perte potentielle de sa souveraineté alimentaire à l’avenir, alors que ce pays dispose pourtant d’une large gamme de productions vivrières, de bonnes potentialités agronomiques et d’une culture alimentaire identitaire.
Cette tendance confirme des travaux des années 1980 (Boutrais, 1982) qui, observant l’évolution de la consommation de blé (pain industriel, pâtes alimentaires, beignets, pâtisseries et biscuiterie), constataient une massification de la consommation de pain. Le contrôle du prix du pain bénéficie depuis l’Indépendance d’une régulation et la farine de blé a acquis une fonction de stabilisation sociale dans la gouvernance sociopolitique (exonérations fiscalo-douanières des céréales en 2008), renforçant probablement cette tendance. Cela contribue à solidifier la compétitivité des filières d’importation de blé au regard des filières de transformation des productions vivrières locales. Le blé importé bénéficie par ailleurs de subventions significatives dans les pays producteurs. Ce n’est pas le cas des produits amylacés tropicaux (manioc, banane plantain, patate douce). Depuis 2008, le prix à l’importation du blé (calculé par division de la valeur des importations sur les volumes) est en diminution structurelle (Fig. 3).
L’ambition de politique nationale de renouveler les objectifs de promotion du « Made in Cameroon » dans la transformation du secteur agro-industriel par une politique de substitution aux importations se trouve ici pleinement justifiée pour : (i) réduire le déficit de la balance commerciale ; (ii) éviter l’extraversion des habitudes de consommation alimentaire et la perte de souveraineté alimentaire à l’avenir. Cette ambition interpelle la connaissance du potentiel national d’innovation technologique sur les farines locales.
Fig. 1 Importations de blé et de farines par habitant au Cameroun. Wheat and flour imports per capita in Cameroon. |
Fig. 2 Valeur des importations de blé et farine de blé par habitant au Cameroun (US$). Value of wheat and wheat flour imports per capita in Cameroon (US$). |
Fig. 3 Prix d’importation du blé et de la farine (US$/kg). Import prices for wheat and flour (US$/kg). |
3.1 L’import-substitution, socle de développement du tissu industriel et économique
Le Cameroun affirme dès son Indépendance en 1960 sa volonté d’investir dans la production agro-industrielle nationale (Varlet, 2000). La décennie 1970, caractérisée par l’interventionnisme de l’État, marque l’ère des sociétés publiques d’encadrement et de formation des paysans (Courade, 1983 ; Fofiri Nzossié, 2013). La création de ces sociétés a contribué à assurer un équilibre relatif de la balance commerciale jusqu’au désengagement des politiques publiques dans la décennie 1980.
3.2 Revenir sur l’extraversion des habitudes de consommation
Les importations agroalimentaires révélatrices de situations d’extraversion des habitudes de consommation alimentaire restent principalement focalisées sur l’adoption du riz et des pâtes alimentaires. Les importations de riz, de 300 000 tonnes en 2009, sont passées à 894 485 tonnes en 2019 (INS, 2021). Elles sont cependant moins significatives que celles du blé. Les importations de pâtes alimentaires connaissent en revanche une augmentation exponentielle depuis 2004 pour atteindre 26 890 tonnes en 2020 (Fig. 4), cela malgré des mesures législatives prises en 2013 (Loi n°2013/004 et n°2014-11) régissant les conditions d’investissement favorables à la production nationale de pâtes alimentaires à partir de la farine de blé.
Le constat ci-dessus interpelle l’option stratégique d’utiliser les farines locales panifiables comme substitut à la farine de blé. Les diverses tentatives régionales dans cette voie se sont soldées par des échecs liés à une certaine hostilité de la filière classique (moulin, boulangerie), aux contraintes technologiques inhérentes à la faible soutenabilité des coûts énergétiques du séchage (Tran et al., 2022), à l’incertitude d’un approvisionnement régulier en farines locales panifiables, aux différentiels de coût entre la farine de blé et les farines locales et à l’ancrage des habitudes alimentaires des consommateurs dans les produits à base de farine de blé (pâtes alimentaires). Ce dernier argument est cependant controversé (Thiele et al., 2021). Ainsi, au dernier comice agropastoral du Cameroun en 2011, les dégustations de pain à base de farines locales ont révélé l’adhésion des populations au pain enrichi à 10–20 % de farine de manioc et de maïs (Bimogo, 2020). Par ailleurs, plus de la moitié de la consommation alimentaire est constituée de racines, tubercules et céréales, qui fournissent 48 % des calories totales (Ambagna, 2018).
Les tendances à l’amplification et à la multiplication des crises économiques, sanitaires et militaires (pandémie de Covid-19, guerre russo-ukrainienne, détérioration des termes de l’échange) réhabilitent ainsi l’objectif d’une souveraineté alimentaire, permettant d’affranchir une économie nationale de sa dépendance trop forte à des marchés internationaux contrôlés par quelques firmes multinationales, instrumentés comme « arme alimentaire » par d’autres, et/ou à un nombre réduit de pays.
Fig. 4 Importation de pâtes alimentaires au Cameroun (kg/habitant). Pasta imports into Cameroon (kg/capita). |
3.3 Les innovations technologiques pour la production de farines locales panifiables
Plusieurs institutions d’enseignement et de recherche nationales et internationales, ainsi que des cadres de stratégie publique, documentent différents projets d’investissement industriel (firmes étrangères ou nationales) pour la production de farine panifiable à base de banane plantain, en réalité peu mis en œuvre. En revanche, les initiatives d’organisations de producteurs confirment la professionnalisation de la transformation agro-artisanale de manioc, de banane plantain et de patate douce par de petites et moyennes entreprises (PME). Depuis quelques années, la qualité des farines panifiables à base de manioc et de banane plantain (taux d’humidité, règles d’hygiène, maîtrise du blanchiment, conditionnement/emballage) s’est beaucoup améliorée. Mais en raison de l’atomisation de ces PME, l’évaluation de l’offre agro-artisanale reste difficile. Au-delà des facteurs d’émergence suscités, ces initiatives mobilisent des chercheurs nationaux sur les conditions de solidification du secteur des PME, elles bénéficient de financements de projets étatiques pour les activités de transformation (Projet de développement des racines et tubercules, Projet d’investissement et de développement des marchés agricoles), et sont soutenues par le plaidoyer de la société civile pour la consommation du « Made in Cameroon ». Au regard du potentiel agrotechnologique, l’implémentation de la politique de transformation structurelle du secteur implique une meilleure connaissance de la demande nationale en farine locale panifiable.
4 L’évaluation de la demande potentielle en farines locales et les opportunités de marché
4.1 Quelle demande nationale en farines panifiables ?
Pour documenter la demande nationale en farines, l’étude a retenu quatre hypothèses d’incorporation de farines locales dans les produits de boulangerie et de pâtisserie, respectivement à 5 %, 10 %, 15 % et 20 %. Suivant les hypothèses d’incorporation ci-dessus, les besoins en farines locales en 2020 seraient respectivement de 35 000, 71 000, 107 000 et 143 000 tonnes. Le Syndicat national des patrons de boulangerie du Cameroun exprimait quant à lui, suite à des concertations gouvernementales pour la mise en place d’une inter-profession des farines locales en 2018, un besoin annuel de 50 000 tonnes en farines locales panifiables, ciblé sur la boulangerie et la pâtisserie avec un taux d’incorporation minimum de 10 % de farines locales. La faisabilité de cette substitution interroge la disponibilité de la matière première au regard de la capacité d’ajustement de la production, mais aussi d’autres demandes bioéconomiques potentielles. Ainsi, au Cameroun, le manioc commence à être demandé pour extraire de l’amidon à des fins d’usage industriel non agricole : pressings, industries de cartonnerie, plastiques, industries agroalimentaires parfois externes (acheteurs chinois).
Cette faisabilité invite à distinguer deux facteurs de différenciation entre les trois spéculations ciblées (plantain, manioc, patate douce) : le rendement agricole et le taux de matière sèche transformée. Ainsi, pour chacune des hypothèses d’incorporation, le besoin identifié en farine panifiable détermine le besoin équivalent en matière première agricole. Il se situerait, au regard des hypothèses retenues, entre 119 000 et 476 000 tonnes pour le manioc, 143 000 et 572 000 tonnes pour la banane plantain et la patate douce.
4.2 Une faible compétitivité des farines locales sur les marchés domestiques
L’analyse à long terme du prix nominal comparé du manioc (tubercules), de la banane plantain et de la farine de manioc aboutit à deux conclusions.
Tout d’abord, le prix de la banane plantain fraîche étant quasiment le double de celui du manioc frais, les potentialités d’usage de la banane plantain pour produire de la farine à usage industriel sont improbables au regard du coût de la matière première.
En second lieu, le prix du manioc frais a doublé entre 2012 et 2021, tendance également observée pour la farine de manioc qui a atteint 400 FCFA/kg au consommateur en 2021. L’augmentation du prix du manioc frais répond à un usage croissant du manioc dans l’élaboration de nombreux produits locaux (Gari, Bibolo, Miondo, cossettes de manioc) qui structurent le développement d’un secteur agro-artisanal basé sur l’évolution des habitudes alimentaires (Fig. 5) et exportateur sur le marché régional.
L’évaluation de la compétitivité par évaluation comparative des prix entre farine de blé et farines locales à partir des prix sur les marchés domestiques montre que le kilo de farine de manioc varie de 750 à 1000 FCFA et celui de la banane plantain et de la patate douce de 750 à 1700 FCFA, à Douala et Yaoundé. Ces prix sont très élevés comparativement à celui du kilo de farine de blé (350 à 550 FCFA). Il révèle pour partie la non-compétitivité actuelle des farines locales. D’autres éléments de compétitivité hors prix seraient cependant à analyser au niveau institutionnel concernant les facteurs culturels, anthropologiques, techniques, technologiques et nutritionnels (Tab. 1).
Ces résultats mettent en évidence un ensemble de facteurs défavorables pour les farines locales d’ordre fiscalo-douanier, technico-technologique, nutritionnel, commercial, économique ou de différentiel de subventions publiques. Ils sont autant de défis pour le développement des farines locales.
Fig. 5 Prix au consommateur du manioc frais et de la farine de manioc sur les marchés de Yaoundé au Cameroun (FCFA/kg). Consumer prices for fresh cassava and cassava flour on Yaoundé markets in Cameroon (FCFA/kg). |
Analyse comparative des facteurs de compétitivité entre farine de blé et farines locales.
Comparative analysis of competitiveness factors between wheat flour and local flours.
5 Les défis de la mise en place d’une politique d’import-substitution
La faisabilité d’une politique d’import-substitution par la production de farines locales interroge en soi la disponibilité de la matière première agricole, c’est-à-dire simultanément celle de la production agricole et celle de la performance des équipements de transformation d’autre part.
5.1 Manioc et banane plantain : deux spéculations davantage porteuses d’enjeux de sécurité alimentaire que de transformation industrielle
En 1929, les recherches agronomiques relevaient déjà la place privilégiée du manioc dans les agrosystèmes locaux (Hédin, 1929), tant dans l’alimentation que pour sa contribution au développement de l’industrie artisanale (transformation en bâton, gari, farine pour la boule). Une dizaine de variétés cultivées circulaient en milieu paysan. De nos jours, selon les statistiques, le manioc constitue la principale culture vivrière au Cameroun depuis les dix dernières années. La production augmente rapidement depuis 2005 et atteint 500 000 tonnes en 2019 (Fig. 6).
Dans l’ensemble, les rendements restent faibles dans les exploitations familiales agricoles : 10 à 15 tonnes/ha (Fig. 7). Ils varient entre 25 et 30 tonnes/ha pour les variétés à haut rendement (8034, 8017, 8061, 92/0326, 96/1414, 95/0109), essentiellement destinées à la transformation avant consommation, et pour différentes variétés améliorées douces (TME 419, TME 693).
En terme de tendance, les rendements ont chuté de 16 à 6 tonnes/ha entre les années 1990 et 2005. Ils augmentent depuis 2005 pour atteindre environ 14 tonnes/ha, cette augmentation étant renforcée par les appuis institutionnels (programmes et projets agricoles). L’intervention étatique depuis 2014 soutient la vulgarisation de variétés à haut rendement (multiplication et distribution aux producteurs de 11 millions de boutures de variétés améliorées en 2019). L’évaluation annuelle des besoins en semences améliorées, sur la base du scénario maximal d’incorporation de farine locale à 20 % dans les produits de boulangerie et de pâtisserie, atteindrait cependant 190 millions de boutures pour 19 000 ha à emblaver.
En dépit de la dizaine de variétés améliorées mises au point par la recherche, la production des semences certifiées reste une véritable gageure, conséquence de deux facteurs : la très faible disponibilité des semences de prébase d’une part, l’échec de la structuration d’une véritable filière semencière d’autre part. Il en résulte une utilisation dominante des variétés dites « tout venant », à faible rendement et peu adaptées aux exigences de la transformation. En 2021, le parc en matériel végétal était d’environ 11 millions de boutures certifiées de manioc pour une superficie à emblaver de 1100 ha. Les semences constituent donc un obstacle à la production de farine panifiable à base de manioc.
La production de banane plantain, quant à elle, suit une évolution comparable à celle du manioc pour atteindre 4 millions de tonnes par an en 2020. La banane plantain est au cœur de deux enjeux relatifs d’une part à la sécurité alimentaire (aliment complet, indispensable à la nutrition des enfants, qui évite les carences nutritionnelles) et d’autre part à l’amélioration du revenu des acteurs de la filière. En 2019, la culture sur 346 000 ha (FAO) restait extensive, avec des rendements de 4 à 7 tonnes/ha dans les plantations villageoises en association et 25 à 30 tonnes/ha dans les exploitations qui intensifient par la maîtrise de nouvelles techniques culturales, les densités ou l’usage de nouveaux matériels de plantation (Kwa et Temple, 2019). La banane plantain a bénéficié d’investissements de recherche au sein du Centre africain de recherches sur bananiers et plantains (CARBAP) et de soutiens publics via un plan national d’appui aux pépinières. Les rendements ne cessent d’augmenter depuis 1993, avec une accélération forte de cette augmentation à partir de 2005. À la différence du manioc, la faible adoption de nouvelles variétés ou de l’usage accru d’intrants (engrais et pesticides) lie potentiellement l’augmentation de rendement à la massification de l’usage des plants issus de fragmentation de tiges (PIF) (Soule et al., 2022) – un million de plants certifiés ont été produits pour la campagne agricole 2021, selon la Direction de la réglementation et du contrôle de qualité des intrants et produits agricoles. Tant pour le manioc que pour la banane plantain, la production disponible par habitant est en augmentation depuis 2003 (Fig. 8), ce qui indique une amélioration de la productivité physique du travail.
En plus des contraintes concernant la production de ces deux spéculations, la transformation de l’excédent mobilisable pour la production de la farine panifiable rencontre également des difficultés techniques relatives à la performance des équipements.
Fig. 6 Évolution de la production de manioc et de banane plantain (tonnes). Evolution of cassava and plantain production (tons). |
Fig. 7 Évolution des rendements de manioc et de banane plantain au Cameroun (tonnes/ha). Evolution of cassava and plantain yields in Cameroon (tons/ha). |
Fig. 8 Production de manioc et de banane plantain (kg/habitant). Cassava and plantain production (kg/capita). |
5.2 Une faible performance technique des équipements de transformation
La faible industrialisation du processus constitue le principal goulet d’étranglement pour accroître l’offre en farines de haute qualité. La transformation reste pour l’essentiel artisanale. Elle est mise en œuvre dans des unités techniques fragmentées, mobilisant des équipements peu intensifs en capital. Les initiatives de transformation semi-industrielles existantes utilisent encore des équipements peu performants pour automatiser la chaîne de production. Cette filière de transformation mobilise trois catégories d’acteurs :
des producteurs agricoles qui transforment de petites quantités d’excédents de leur production pour fabriquer des beignets et gâteaux destinés aux exhibitions (foires, dégustations) et au petit commerce de rue. Dans la prolongation de l’économie domestique, ils diversifient les revenus pour des populations en situation de précarité ;
des réseaux de sociétés coopératives et d’associations de producteurs (une vingtaine pour la farine panifiable). Leur expansion est entravée par l’absence de garantie de marché permettant l’accès aux financements bancaires pour investir dans des équipements performants, l’acquisition de la matière première et l’expertise technique ;
des micro-initiatives industrielles d’expérimentation, comme celle du Centre régional d’initiative et de formation en agriculture et technologies innovantes (CRIFAT), investi dans la production industrielle de la banane plantain (475 ha) et de manioc (265 ha) pour la production de farines de haute qualité.
Du point de vue technique, les investissements dans la transformation, en augmentation, sont impulsés par des appuis institutionnels aux équipementiers, par la formation des acteurs par le PNDRT et l’International Institute of Tropical Agriculture (IITA) pour la fabrication d’équipements de transformation du manioc, par l’appui au montage de chaînes de production de farine ou par la formation d’entrepreneurs dans des incubateurs d’entreprises à Douala. Les équipements de fabrication locale restent encore peu adaptés pour une production à moyenne et grande échelle. Différents points faibles sont relevés par les utilisateurs : absence d’intégration entre les composantes (broyage, fermentation, séchage, ensachage/étiquetage...) fonctionnant isolément et nécessitant des manipulations non hygiéniques hors normes sanitaires internationales ; insuffisance de référentiels technico-économiques (tonnage de farine produite par heure) ; calibrage du temps de séchage pour les séchoirs électriques ; coûts énergétiques ; dégradation de la qualité de la farine (acidification, noirceur) ; multiplication des séquences de broyage pour obtenir la granulométrie standard de la farine. L’investissement dans des innovations technologiques comme le « Flash Dryer » (Abass, 2022), introduit par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), reste peu activé par les équipementiers locaux faute de relais : formation et suivi des équipementiers, financements et entretien des équipements.
5.3 La clusterisation comme innovation pour développer les farines locales panifiables
Les rendements du manioc et de la banane plantain peuvent encore augmenter, vu les potentiels de productivité, en poursuivant la transformation des systèmes de production. Un levier d’accélération de cet accroissement est à rechercher dans l’adoption inégale de certaines technologies de production sur l’ensemble du territoire.
Le prix de la banane plantain en frais restant significativement plus élevé que celui du manioc, les perspectives de transformation sont économiquement plus probables pour le manioc, dont la diversité et la multiplicité des produits de transformation offrent de possibles économies de gamme (complémentarité entre produits qui permettraient de mieux amortir des investissements en capital sur de nouveaux équipements) au sein d’unités de transformation agro-artisanales.
Au regard de l’atomisation spatiale de la production agricole (manioc, banane plantain) dans de petites et moyennes exploitations familiales ou entreprises artisanales, mais aussi de la diversité des produits de transformation demandés sur les marchés locaux, des investissements agro-industriels pour spécialiser des unités de transformation sur la fabrication de farine sont peu viables. En revanche, la densification du tissu actuel de PME agro-artisanales qui structurent le secteur de la transformation est une opportunité centrale pour solidifier l’intégration sectorielle de la transformation à partir d’une offre agricole atomisée et diversifiée. La faible structuration spatiale et institutionnelle de ce secteur agro-artisanal interroge la façon dont la notion de cluster pourrait orienter une politique publique d’accompagnement.
La notion de cluster (Chiffoleau et Touzard, 2007 ; Laperche et al., 2010) renvoie aux synergies de concentrations géographiques et organisationnelles de PME qui mutualisent des ressources et qui, par des relations de « coopétitions », réalisent des économies d’agglomération territoriale et des externalités technologiques positives en termes d’innovations (Torre et Zimmermann, 2015). Ces concentrations peuvent se révéler à différentes échelles territoriales selon la localisation des ressources, mais aussi selon les polarisations que peuvent créer les infrastructures d’accès à l’énergie (en cas de mécanisation des procédés), à l’eau, mais aussi les infrastructures routières et numériques qui structurent les densités, la régularité des interactions et donc la communauté de pratiques et d’apprentissage territorialisée. Ces sources d’efficacité compensent alors potentiellement les économies d’échelle liées à une spécialisation dans de grandes entreprises.
L’implémentation de ces clusters dans l’agriculture tropicale (Reardon et al., 2009 ; Feyaerts et al., 2020) impose d’intensifier une politique décentralisée d’aménagement territorial créant les conditions localisées d’interaction de services publics actuellement fragmentés dans différents ministères : vulgarisation, recherche agronomique, appui à la production. La notion de cluster, au-delà d’une réalité sectorielle, recherche les sources d’efficacité inhérentes aux complémentarités liées à la diversité des activités (Ramirez et al., 2018 ; Otsuka et Ali, 2020). La densification des startups sur le manioc dans plusieurs villes interpelle les conditions de structuration et de spécification localisées de ces clusters. De manière complémentaire, elle appelle des expériences comme celle de la « Plateforme interprofession de la chaîne de valeur manioc Cameroun » (PIP-CV) (FAO, 2009), qui met en relation des acteurs dépendants (exploitations familiales agricoles, coopératives de production et de transformation, PME et PMI) et expérimente différentes fonctionnalités utiles à la clusterisation (Fig. 9).
L’équilibre fonctionnel du modèle cluster reposerait ainsi sur l’interaction permanente entre les acteurs des chaînes de valeur ciblées au sein d’un espace territorial construit comme unité géographique adaptée à la structuration d’une action collaborative autour d’une ou plusieurs spéculations. Un élément de blocage étant parfois l’accès à la terre, les collectivités territoriales décentralisées (communes et régions) peuvent activer des acquisitions foncières sur le domaine national et les mettre à disposition (en bail) aux entrepreneurs impliqués (producteurs indépendants, coopératives, entreprises agro-artisanales, agro-industriels).
La densification ou solidification de ces formes de clusterisation impose d’innover dans la nature des partenariats sur la fourniture de biens et services (financements, intrants, équipements, récoltes, conseils, terre) et sur les mécanismes de financement pour investir dans un contexte de faible accessibilité des PME et PMI au secteur bancaire commercial. Elle constitue ainsi un levier activable de développement des filières manioc, banane plantain et patate douce (accroissement de la fourniture de semences, intensification de la production, innovation technologique sur le segment de la transformation, sécurisation du marché).
La mobilisation de cette notion de cluster comme levier d’activation de la compétitivité des farines locales panifiables doit toutefois être utilisée prudemment et tenir compte des effets controversés de la clusterisation relevés par Martin et Sunley (2003) et Motoyama (2008).
Fig. 9 Interconnectivité des acteurs-partenaires au sein du cluster selon la plate-forme PIP-CV Manioc-Cameroun (Relations professionnelles, commerciales et de conseil interne). Inter-connectivity of actor-partners within the cluster according to the Cassava-Cameroon PIP-CV platform (Professional, commercial and internal advisory relationships). |
6 Conclusion
L’augmentation des importations de blé et de pâtes alimentaires par habitant au Cameroun implique de soutenir des politiques alimentaires et agricoles qui évitent une dépendance alimentaire accrue aux marchés internationaux et un risque de perte de souveraineté alimentaire, dans un contexte de croissance du marché intérieur nourri par la croissance démographique et les marchés urbains. Les perspectives d’investissements agro-industriels dans l’import- substitution de céréales sont peu probables. En revanche, les potentialités de développement de clusters, constitués de petites unités de transformation valorisant une diversité de produits à base de farine panifiable obtenue à partir du manioc, de la banane plantain et de la patate douce, sont des perspectives structurantes de création d’emplois.
Les transformations des systèmes de production et les réserves de productivité mobilisables sur les produits amylacés locaux (manioc, banane plantain), mais également la structuration en cours d’un secteur de transformation par la densification de petites unités de transformation adossées au renforcement des organisations de producteurs, offrent des perspectives d’évolution importantes (Mathieu et al., 2021). Ces dynamiques sont émergentes. Leur accélération demande une évolution des orientations des politiques publiques et une meilleure coordination des soutiens de la coopération internationale. Les trois spéculations locales analysées, structurantes des habitudes alimentaires locales, consolident un secteur de transformation qui évite les risques d’une dépendance potentielle et non nécessaire à l’égard de céréales technologiquement contrôlées par les pays industriels et bénéficiant de subventions publiques peu réplicables. La croissance de la consommation de pâtes alimentaires (rapidité de cuisson et durée de conservation) répond aux besoins d’une population au mode de vie qui s’urbanise. Elle donne des indicateurs de qualité pour le développement et la compétitivité de produits de transformation basés sur les produits amylacés tropicaux.
La production du manioc, de la banane plantain et de la patate douce dégage encore peu d’excédents pour répondre aux besoins de production de farines locales panifiables. De fait, une politique d’import-substitution, même partielle, impose d’interroger la capacité de l’agriculture à approvisionner simultanément le marché du frais (intérieur et transfrontalier en Afrique centrale) et le marché d’une industrie à la recherche d’économies d’échelles, et donc de massification des approvisionnements en matières premières à bas coût. Une polarisation sur un objectif strict de substitution à la farine importée apparaît en soi trop réductrice par rapport aux réalités structurelles de transformation du modèle alimentaire et aux opportunités de développement que structure sa diversité.
L’objectif n’est pas de rechercher la performance économique d’une transformation de matières premières agricoles (blé, maïs principalement), dont les conditions de production (techniques, entrepreneuriale, semences, subventions) sont contrôlées par des économies d’échelle localisées dans les pays d’agriculture industrielle, mais davantage de rechercher la performance économique dans la transformation d’une matière première diversifiée (manioc, patate douce, plantain…), par des économies de gamme au regard des opportunités qu’offre la diversité des attentes, structurée par l’évolution des habitudes et des modèles de consommation alimentaire.
La consolidation d’un secteur agroalimentaire local de transformation suggère également de mieux analyser la multiplicité des produits possibles et leur complémentarité technologique dans les unités de transformation, au regard de l’évolution des critères de qualité qu’impose l’urbanisation progressive des modes de vie.
Références
- Abass A. 2022. Processors’ experience in the use of flash dryer for cassava-derived products in Nigeria. Frontiers in Sustainable Food Systems 5: 17. https://doi.org/10.3389/fsufs.2021.771639. [Google Scholar]
- Ambagna J. 2018. L’utilisation des enquêtes de conditions de vie des ménages pour l’analyse de la consommation alimentaire et de la sous-alimentation : illustrations sur les données Camerounaises. Thèse de doctorat, Montpellier Supagro, France, 180 p. [Google Scholar]
- Bimogo F. 2020. Chapitre 29. Cameroun : du pain béni aux farines locales : histoire d’une success story annoncée. In : Frimousse S, ed. Africa Positive Impact. Agir pour un meilleur impact sociétal. Caen (France) : EMS Editions, « Académie des Sciences de Management de Paris », pp. 306–316. https://doi.org/10.3917/ems.frimo.2020.01.0306. [CrossRef] [Google Scholar]
- Boutrais J. 1982. Consommation et production de blé au Cameroun. Une difficile indépendance alimentaire. Revue de Géographie du Cameroun 3(1): 67–80. [Google Scholar]
- Chiffoleau Y, Touzard J. 2007. Réseaux d’entrepreneurs et innovation dans un cluster : une approche par les relations de conseil. Economies et sociétés 41(9): 1485–1506. [Google Scholar]
- Courade G. 1983. La constitution d’empires agro-industriels étatiques depuis l’indépendance au Cameroun : Politique de développement rural et/ou national. African Economic History 12: 33–48. https://doi.org/10.2307/3601315. [Google Scholar]
- Dury S, Zakhia-Rozis N, Giordano T. 2021. Les systèmes alimentaires aux défis de la crise de la Covid-19 en Afrique : enseignements et incertitudes. Cahiers Agricultures 30: 8. https://doi.org/10.1051/cagri/2020052. [Google Scholar]
- Falciola J, Jansen M, Rollo V. 2020. Defining firm competitiveness: A multidimensional framework. World Development 129: 104857. https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2019.104857. [CrossRef] [Google Scholar]
- FAO. 2009. Study of quality management systems for cassava value chains in Cameroun – Study case for Chikwangue and Saka Saka. [Google Scholar]
- Feyaerts H, Goedele VdB, Miet M. 2020. Global and local food value chains in Africa: A review. Agricultural Economics 51(1): 43–57. https://doi.org/10.1111/agec.12546. [Google Scholar]
- Fofiri Nzossié EJ. 2013. Les déterminants de l’offre alimentaire vivrière dans les villes du Nord-Cameroun. Thèse de doctorat, Université de Ngaoundéré, Cameroun, 441 p. Disponible sur : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01092376. [Google Scholar]
- Hédin L. 1929. La culture du manioc au Cameroun. Revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale, 9ᵉ année, 93: 311–314. https://doi.org/10.3406/jatba.1929.4739. [CrossRef] [Google Scholar]
- Institut National de la Statistique, INS. 2021. Rapport 2020 sur le commerce extérieur du Cameroun, 11 p. Disponible sur : https://ins-cameroun.cm/wp-content/uploads/2021/09/Note-Commerce-exterieur-2020_VF_.pdf. [Google Scholar]
- Kwa M, Temple L. 2019. Le bananier plantain. Enjeux socio-économiques et techniques. Quæ, CTA, Presses agronomiques de Gembloux, 6 p. [CrossRef] [Google Scholar]
- Laperche B, Sommers P, Uzunidis D. 2010. Innovation networks and clusters: The knowledge backbone. Bristol (UK): Peter Lang, 227 p. [CrossRef] [Google Scholar]
- Martin R, Sunley P. 2003. Deconstructing clusters: Chaotic concept or policy panacea. Journal of Economic Geography 3: 5–35. https://doi.org/10.1093/jeg/3.1.5. [CrossRef] [Google Scholar]
- Mathieu B, Zenabou G, Hamadou L, Alim AYY, Amadou NM. 2021. Caractérisation de l’artisanat agro-alimentaire de la ville de Garoua (Nord, Cameroun). Journal of Applied Biosciences 159: 16429–16437. https://doi.org/10.35759/JABs.159.7. [CrossRef] [Google Scholar]
- Motoyama Y. 2008. What was new about the Cluster Theory? What could it answer and what could it not answer? Economic Development Quarterly 2: 353. https://doi.org/10.1177/0891242408324373. [CrossRef] [Google Scholar]
- Otsuka K, Ali M. 2020. Strategy for the development of agro-based clusters. World Development Perspectives 20: 100257. https://doi.org/10.1016/j.wdp.2020.100257. [CrossRef] [Google Scholar]
- Plateforme Inter-professionnelle de la Chaîne de Valeur Manioc au Cameroun (PIP-CV). 2020. Cassava development corporation (CADECO), littérature grise, 80 p. [Google Scholar]
- Ramirez M, Bernal P, Clarke I, Hernandez I. 2018. The role of social networks in the inclusion of small-scale producers in agri-food developing clusters. Food Policy 77: 59–70. https://doi/org/10.1016/j.foodpol.2018.04.005. [CrossRef] [Google Scholar]
- Reardon T, Christopher B, Berdegué J, Swinnen J. 2009. Agrifood industry transformation and small farmers in developing countries. World Development 37(11): 1717–1727. https://doi.org/10.1016/j.worlddev.2008.08.023. [CrossRef] [Google Scholar]
- République du Cameroun. 2020. Stratégie Nationale de Développement 2020–2030. Pour la transformation structurelle et le développement inclusif, 230 p. Disponible sur : https://minepat.destiny-innovation.com/fr/cat_doc/prospective-et-planification-strategique/. [Google Scholar]
- Requier-Desjardins D, Sautier D, Touzard JM. 2007. Dossier Systèmes agroalimentaires localisés. Économies et sociétés (29): 1465–1484. [Google Scholar]
- Soule Adam N, Temple L, Kwa M, Mathe S. 2022. Functional analysis to strengthen an agricultural innovation process: The case of seedlings from stem fragments plantain propagation technology in Cameroon. International Horticultural Congress (IHC 2022). Angers, France: ISHS, 31 p. Disponible sur : https://agritrop.cirad.fr/601985/. [Google Scholar]
- Temple L, Lançon F, Palpacuer F, Paché G. 2011. Actualisation du concept de filière dans l’agriculture et l’agroalimentaire. Economies et sociétés, Série AG Systèmes agroalimentaires 33: 1785–1797. [Google Scholar]
- Temple L, Dabat MH, Avadi A. 2023. Intégration de la traçabilité dans les méthodes d’analyse de filières : quels défis pour la bioéconomie dans les pays en développement. Technologie Innovation (in press) [Google Scholar]
- Thiele G, Dufour D, Vernier P, Mwanga RO, Parker ML, Schulte Geldermann E, et al. 2021. A review of varietal change in roots, tubers and bananas: Consumer preferences and other drivers of adoption and implications for breeding. International Journal of Food Science & Technology 56(3): 1076–1092. https://doi.org/10.1111/ijfs.14684. [CrossRef] [PubMed] [Google Scholar]
- Tran T, Abass A, Taborda Andrade LA, Chapuis A, Precoppe M, Adinsi L, et al. 2022. Cost-effective cassava processing: Case study of small-scale flash-dryer reengineering. In: Thiele G, Friedmann M, Campos H, Polar V, Bentley JW, eds. Root, tuber and banana food system innovations. Cham (Switzerland): Springer. https://doi.org/10.1007/978-3-030-92022-7_4. [Google Scholar]
- Torre A, Zimmermann JB. 2015. Des clusters aux écosystèmes industriels locaux. Revue d’économie industrielle 152: 13–38. https://doi.org/10.4000/rei.6204. [CrossRef] [Google Scholar]
- Varlet F. 2000. Institutions publiques et croissance agricole au Cameroun. Thèse de doctorat, Université de Montpellier, ENSA, 320 p. [Google Scholar]
Citation de l’article : Fofiri Nzossié EJ, Temple L. 2023. Politique d’import-substitution au blé et compétitivité des farines panifiables à base de manioc, banane plantain et patate douce au Cameroun. Cah. Agric. 32: 25. https://doi.org/10.1051/cagri/2023018
Liste des tableaux
Analyse comparative des facteurs de compétitivité entre farine de blé et farines locales.
Comparative analysis of competitiveness factors between wheat flour and local flours.
Liste des figures
Fig. 1 Importations de blé et de farines par habitant au Cameroun. Wheat and flour imports per capita in Cameroon. |
|
Dans le texte |
Fig. 2 Valeur des importations de blé et farine de blé par habitant au Cameroun (US$). Value of wheat and wheat flour imports per capita in Cameroon (US$). |
|
Dans le texte |
Fig. 3 Prix d’importation du blé et de la farine (US$/kg). Import prices for wheat and flour (US$/kg). |
|
Dans le texte |
Fig. 4 Importation de pâtes alimentaires au Cameroun (kg/habitant). Pasta imports into Cameroon (kg/capita). |
|
Dans le texte |
Fig. 5 Prix au consommateur du manioc frais et de la farine de manioc sur les marchés de Yaoundé au Cameroun (FCFA/kg). Consumer prices for fresh cassava and cassava flour on Yaoundé markets in Cameroon (FCFA/kg). |
|
Dans le texte |
Fig. 6 Évolution de la production de manioc et de banane plantain (tonnes). Evolution of cassava and plantain production (tons). |
|
Dans le texte |
Fig. 7 Évolution des rendements de manioc et de banane plantain au Cameroun (tonnes/ha). Evolution of cassava and plantain yields in Cameroon (tons/ha). |
|
Dans le texte |
Fig. 8 Production de manioc et de banane plantain (kg/habitant). Cassava and plantain production (kg/capita). |
|
Dans le texte |
Fig. 9 Interconnectivité des acteurs-partenaires au sein du cluster selon la plate-forme PIP-CV Manioc-Cameroun (Relations professionnelles, commerciales et de conseil interne). Inter-connectivity of actor-partners within the cluster according to the Cassava-Cameroon PIP-CV platform (Professional, commercial and internal advisory relationships). |
|
Dans le texte |
Les statistiques affichées correspondent au cumul d'une part des vues des résumés de l'article et d'autre part des vues et téléchargements de l'article plein-texte (PDF, Full-HTML, ePub... selon les formats disponibles) sur la platefome Vision4Press.
Les statistiques sont disponibles avec un délai de 48 à 96 heures et sont mises à jour quotidiennement en semaine.
Le chargement des statistiques peut être long.