Numéro |
Cah. Agric.
Volume 34, 2025
Les systèmes agricoles des zones arides du Maghreb face aux changements : acteurs, territoires et nouvelles dynamiques / Farming systems in arid areas in the Maghreb facing changes: actors, territories and new dynamics. Coordonnateurs : Mohamed Taher Sraïri, Fatah Ameur, Insaf Mekki, Caroline Lejars
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Numéro d'article | 21 | |
Nombre de pages | 8 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/cagri/2025021 | |
Publié en ligne | 3 juin 2025 |
Article de synthèse / Review Article
Les zones arides et marginales du sud du Maghreb : un vivier d’opportunités pour un développement humain et territorial équilibré
The arid and marginal areas of Southern Maghreb: a breeding ground of opportunities for a balanced human and territorial development
1
Département des Productions et Biotechnologies Animales, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Rabat, Maroc
2
Division Agriculture, Territoire et Environnement, Centre de Recherche en Économie Appliquée pour le Développement (CREAD), Alger, Algérie
3
Institut National de Recherches en Génie Rural, Eaux et Forêts (INRGREF), Université de Carthage, Ariana, Tunisie
4
CIRAD, UMR G-EAU, 34398 Montpellier, France
5
G-EAU, Univ Montpellier, Montpellier, France
* Auteur correspondant : mt.srairi@iav.ac.ma
Les zones arides et marginales du sud du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) constituent de vastes régions. Les enjeux de développement et les aspirations légitimes au bien-être des populations locales doivent y être gérées dans un contexte de contraintes aiguës, telles que la pénurie d’eau structurelle ou la pression accrue sur d’autres ressources naturelles (foncier, biomasse primaire, etc.). Sur la base des contributions au dossier thématique de la revue Cahiers Agricultures intitulé « Les systèmes agricoles des zones arides du Maghreb face aux changements : acteurs, territoires et nouvelles dynamiques », cet article introductif permet d’appréhender ces régions, dites marginales, comme des lieux de production, d’innovation et de résilience. Un ensemble d’investigations reposant sur des approches transdisciplinaires ont été menées dans le cadre du projet Massire. Ce projet a aussi initié et suivi des processus multi-acteurs en vue de générer une co-production de connaissances et de favoriser le co-apprentissage. Les travaux ont porté plus particulièrement sur les oasis à palmier de Ghardaïa en Algérie, de Ferkla au Maroc et de Kébili en Tunisie, mais aussi sur la zone de montagne de Msemrir dans le Haut Atlas central au Maroc et la région de Médenine en Tunisie. Les articles scientifiques constituant ce dossier thématique analysent différentes innovations, initiées par les acteurs locaux dans leur diversité (jeunes, femmes, leaders locaux impliqués dans la promotion d’actions collectives, etc.) ou portées collectivement dans le cadre des processus multi-acteurs. Les articles soulignent le fort potentiel de ces innovations pour une plus grande résilience des territoires, et ce, dans la durée.
Abstract
The arid and marginal areas in southern Maghreb (Algeria, Morocco and Tunisia) constitute vast regions. Development challenges and the legitimate aspirations of the well-being of local populations must be managed in a context of acute constraints, such as structural water shortages or increased pressure on other natural resources (land, primary biomass, etc.). Based on the contributions to the thematic issue of the journal Cahiers Agricultures entitled “Agricultural systems in the arid zones of the Maghreb facing changes: actors, territories and new dynamics”, this introductory article allows us to understand these so-called marginal regions as places of production, innovation and resilience. A set of trans-disciplinary approaches were conducted within the framework of the Massire project. This project also initiated and monitored multi-stakeholder processes to generate knowledge co-production and promote co-learning. The work focused specifically on the palm oases of Ghardaïa in Algeria, Ferkla in Morocco and Kébili in Tunisia, but also on the mountain area of Mesmrir in the central High Atlas in Morocco and the region of Médenine in Tunisia. The scientific articles in this thematic dossier analyze different innovations, initiated by local actors in their diversity (young people, women, local leaders involved in promoting collective actions, etc.) or carried out collectively within the framework of multi-stakeholder processes. The articles highlight the strong potential of these innovations for greater territorial resilience, over time.
Mots clés : changement climatique / Maghreb / résilience / savoirs locaux / zones arides
Key words: arid zones / climate change / local knowledge / Maghreb / resilience
© M.T. Sraïri et al., Hosted by EDP Sciences 2025
This is an Open Access article distributed under the terms of the Creative Commons Attribution License CC-BY-NC (https://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0), which permits unrestricted use, distribution, and reproduction in any medium, except for commercial purposes, provided the original work is properly cited.
Cet article constitue un éditorial au dossier thématique de la revue Cahiers Agricultures intitulé « Les systèmes agricoles des zones arides du Maghreb face aux changements : acteurs, territoires et nouvelles dynamiques ». Il vise à présenter les zones où les recherches ont été conduites et l’esprit ayant guidé la conduite des investigations ainsi que les principaux résultats obtenus.
1 Introduction : une analyse transdisciplinaire de la complexité du développement territorial dans des zones marginales du Maghreb
Les zones arides, dites marginales du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) où les investigations ont été effectuées, sont historiquement confrontées à des défis complexes. En effet, le caractère marginal de ces régions ne résulte pas d’un désengagement total de l’État, mais plutôt des modalités d’interactions particulières, oscillant entre intégration et indépendance. Malgré l’importance des actions menées par la société civile pour renforcer les droits coutumiers de gestion des forêts, des pâturages ou des ressources hydriques, l’administration continue de garder un contrôle continu sur ces usages (Auclair et Aubert, 2024). Naciri (1999) abonde dans le même sens en évoquant qu’un éternel dilemme prévaut chez les pouvoirs publics, entre un impérieux souci de contrôle de ces régions, mais aussi la prise en compte des demandes légitimes de développement et d’autonomisation émises par les populations locales.
Face aux soubresauts politiques récents, et notamment les troubles induits par les événements du « Printemps arabe », les régions arides et marginales des pays du Maghreb demeurent largement sous les radars. Cela alimente d’ailleurs les débats par rapport à l’efficience des politiques publiques qui y sont mises en œuvre, et par rapport à leurs résultats (Meddeb, 2011). Il est donc crucial d’examiner ces régions non seulement comme des zones en quête de développement, mais aussi comme des lieux de production, d’innovation et de résilience, intégrés dans des dynamiques historiques et sociopolitiques complexes. En outre, leur surface considérable ainsi que leur poids démographique non négligeable et leurs multiples contributions à l’histoire des trois pays du Maghreb leur attribuent une position clé dans les stratégies de gestion des ressources naturelles et d’aménagement du territoire.
Ces zones font aujourd’hui face à des enjeux importants de gouvernance : contrôle de l’espace et parfois des frontières face à diverses menaces sécuritaires, mise en valeur des ressources (hydriques, minérales, foncières, etc.), création d’opportunités d’emplois et de revenus inclusifs à même de garantir l’entretien de vastes territoires tout en évitant l’exode massif. La diversification des activités à des secteurs autres que l’agriculture se heurte souvent aux conditions de vie rendues difficiles par un manque d’eau structurel. À ce titre, Benidir (2021) décrit minutieusement les conflits qui surgissent en lien avec l’extraction minière dans ces régions. Il évoque des compagnies qui se livrent à un véritable accaparement de ressources hydriques rares, alors que les populations locales ne profitent pas toujours des revenus générés par ces activités.
1.1 Contexte général : défis du développement durable et de sa conciliation avec des approches participatives
Les défis d’un développement durable et inclusif impliquent logiquement la réponse aux demandes des populations locales en termes de services publics de qualité, notamment l’accès à l’éducation, aux services de santé, à l’eau potable, à l’énergie électrique et même, plus récemment, au réseau internet. Et c’est ce à quoi les pouvoirs publics des pays du Maghreb tentent de répondre, dans un souci d’équité territoriale, depuis les évènements dits du « Printemps arabe » (Hibou et Tozy, 2020). La présence de l’État dans ces régions est attestée depuis plusieurs décennies, à travers les représentations régionales et provinciales des ministères, ayant pour mission le contrôle et l’encadrement des populations et des territoires, et dont l’action est aussi matérialisée par des principes généraux tels que le développement agricole et rural durable, la participation des populations, les approches intégrées et multisectorielles, etc. Cependant, si ces principes font désormais consensus, en pratique, leur mise en œuvre se heurte à de nombreuses difficultés.
Les organisations (ministères, organismes de développement, recherche, etc.) en charge des secteurs liés à l’agriculture, à la gestion des ressources naturelles au niveau national comme au niveau des territoires ruraux, travaillent souvent de façon cloisonnée. Les politiques publiques associées sont souvent définies en silos. Mettre en œuvre, de manière effective, des approches territoriales participatives et intersectorielles impliquant de façon significative les populations rurales, les agriculteurs, mais aussi les échelons locaux de l’administration dans différents secteurs, constitue encore un véritable défi. Si le concept de participation est devenu clé dans l’approche des politiques et des projets de développement, en pratique, les interventions effectives des pouvoirs publics et même des organisations non gouvernementales continuent souvent d’être pensées et mises en œuvre dans le cadre d’une coordination institutionnelle « top down », laissant peu de place aux initiatives locales (Hassenforder et al., 2024).
Par ailleurs, les projets de développement sont souvent construits autour de cadres logiques définis au moment de la phase initiale de programmation des activités, et laissent peu de flexibilité en cours de leur exécution pour adapter les programmes d’action et les investissements. L’obtention de financements auprès des bailleurs de fonds est en effet conditionnée par la définition d’un cadre logique et d’un programme d’action, qui doivent être détaillés avant le démarrage des projets. Faute de temps et de moyens, la définition de ces programmes d’action est fréquemment faite avec une faible participation des acteurs du territoire, ce qui entraîne souvent le fait que de nombreux éléments de ces programmes d’action soient verrouillés « en amont » (Giovalucchi et Olivier de Sardan, 2009). En outre, ces projets de développement sont menés pour la plupart d’entre eux sur des horizons de temps courts, typiquement de 3 à 5 ans, ne permettant pas une évaluation ex post des réalisations concrètes qu’ils ont générées.
Les acteurs non gouvernementaux actifs au niveau local au Maghreb ont acquis ces dernières années de réelles capacités pour définir et mettre en œuvre des actions de développement (Hamamouche et al., 2022). Cependant, ils restent peu visibles par les administrations centrales. Il y a une forte distance entre, d’une part les populations des zones rurales et de l’autre, les personnes prenant les décisions clés pour la conception et l’exécution des projets de développement. Ces dernières sont actives le plus souvent dans des officines gouvernementales situées dans la capitale. Par ailleurs, dans les zones rurales du Maghreb, les jeunes et les femmes ont encore souvent un accès difficile aux espaces publics.
1.2 Équipes de recherche impliquées et principaux terrains d’investigation
Le projet Massire (2019–2024, www.massire.net) a été mené par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de France. Le projet avait pour ambition de renforcer des réseaux de collaboration antérieurement constitués et d’en créer de nouveaux. Il a mobilisé des disciplines adaptées à l’analyse des phénomènes complexes du développement territorial, dans toutes les dimensions qu’il revêt : agriculture et élevage, organisations professionnelles, gestion des ressources naturelles, etc. Les activités de recherche dans le cadre de ce projet constituent le socle des analyses présentées dans ce dossier thématique de la revue Cahiers Agricultures. Outre les collaborations entre chercheurs et les regards croisés entre terrains d’étude, le projet avait aussi pour ambition de renforcer les capacités des acteurs des zones marginales oasiennes et arides du Maghreb pour promouvoir et mettre en œuvre des innovations permettant un développement durable de ces territoires.
Le projet a été mené par différentes institutions de recherche et d’enseignement : le Centre de recherche en économie appliquée pour le développement – CREAD –, le Centre universitaire de Tipaza, l’École nationale supérieure agronomique d’El Harrach et l’Université de Ghardaïa, en Algérie ; l’École nationale d’agriculture de Meknès – ENAM –, l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAVH2) de Rabat et l’Université Hassan II de Casablanca, au Maroc ; l’Institut national agronomique de Tunisie – INAT – et l’Institut national de recherches en génie rural, eaux et forêts – INRGREF – en Tunisie ; le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement – CIRAD –, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement – INRAE –, et le Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques – CLERSE – en France.
Les activités de recherche se sont principalement concentrées sur des terrains spécifiques en Algérie, au Maroc et en Tunisie. En Algérie, les terrains étaient surtout localisés dans la wilaya de Ghardaïa, oasis multiséculaire, caractérisée par un foisonnement d’activités aussi bien agricoles (arboriculture avec des espèces variées dont l’emblématique palmier dattier, élevage laitier, maraîchage, etc.) qu’extra-agricoles.
Au Maroc, dans le cadre de la coopération avec le partenaire institutionnel du projet Massire, en l’occurrence l’Office régional de mise en valeur agricole de Ouarzazate (ORMVAO), deux territoires géographiques ont été retenus : i) l’oasis de Ferkla (paysage typique des oasis à palmiers dattiers, avec des cultures intercalaires comme les fourrages, le maraîchage et les céréales) et la vallée du Todgha qui la surplombe ; et ii) les oasis de montagne autour de l’oued Dadès, principalement concentrées près des deux villages de Msemrir et Tilmi (à plus de 1800 m d’altitude). Dans ces oasis de montagne, les activités agricoles sont surtout centrées autour de l’élevage pastoral (troupeaux ovins et caprins transhumants) couplé à une agriculture vivrière (céréales, fourrages, maraîchage). Malgré un foncier exigu, une arboriculture fruitière (surtout le pommier) a émergé récemment afin d’augmenter les revenus des populations locales, malgré les risques qui y sont afférents : augmentation de la pression sur des ressources hydriques limitées, variabilité des prix en lien avec les difficultés de commercialisation d’un produit fragile et émergence de problèmes sanitaires suite à l’intensification de l’usage des pesticides (Goldberg, 2022).
Enfin, en Tunisie, le projet a surtout été actif dans deux zones contrastées, à savoir a) Kébili qui est une région du Sud-Ouest où se concentre une part importante de la phœniciculture du pays (près des 2/3 de la production annuelle de dattes), mais avec des contraintes émergentes de gestion durable des ressources hydriques, et b) Médenine, région située au Sud-Est, et dont les systèmes agraires sont typiques d’une agriculture méditerranéenne en sec (peu d’irrigation, de l’oléiculture et des céréales associées à un élevage extensif –camelins, ovins et caprins).
Malgré les similarités d’ordre général qui caractérisent ces différents terrains d’étude (aridité structurelle, manque d’infrastructures, éloignement des grands centres de décision, etc.), des différences marquées peuvent néanmoins être citées. En Algérie et à un degré moindre en Tunisie, en raison de l’existence du système aquifère du Sahara septentrional, les zones désertiques du Sud sont maintenant considérées par les pouvoirs publics et aussi par beaucoup d’acteurs privés comme un véritable Eldorado pour l’investissement et pour améliorer la souveraineté alimentaire. Les stratégies gouvernementales récentes ont favorisé l’irrigation à grande échelle, en particulier via des forages profonds et l’expansion des zones agricoles dans le cadre de programmes nationaux tels que le Plan national de développement agricole (PNDA) en Algérie et le Programme de mobilisation des eaux non conventionnelles en Tunisie. Dans cette optique, certains évoquent même le Sahara comme un désert convoité, non seulement pour ses ressources en énergie fossile, mais aussi comme un espace d’opportunités pour des filières agricoles d’export (phœniciculture, maraîchage intensif, etc.) (Bisson, 2003). Au Maroc, la situation est sensiblement différente. Des projets phœnicicoles de grande envergure ont certes été installés, mais se pose la question de leurs retombées concrètes sur les revenus des ménages locaux (Elder, 2022). Plus généralement au Maroc, les oasis apparaissent depuis déjà plusieurs années comme des territoires en grande souffrance hydrique en raison des impacts désormais visibles du changement climatique (baisse des précipitations, hausse des températures et exode rural conséquent) (Khardi et al., 2023).
De plus, les stratégies agricoles mises en œuvre par ces trois nations reflètent aussi des réponses variées aux enjeux des régions arides. L’Algérie met l’accent sur le développement des grandes cultures irriguées et l’appui à des secteurs clés tels que la culture de la pomme de terre et du blé dur. En Tunisie, l’objectif affiché est d’obtenir un encadrement de l’utilisation de l’eau, avec des quotas d’usage et une facturation échelonnée, tout en encourageant la diversification avec des cultures adaptées aux restrictions hydriques. Pour sa part, le Maroc privilégie une stratégie qui fusionne des encouragements à l’investissement privé dans le secteur agricole avec des initiatives destinées à l’intensification agricole et à l’amélioration de la valorisation de l’eau (plantations de vergers, extension des surfaces irriguées en goutte-à-goutte, etc.), en particulier par le biais de subventions publiques dans le cadre des stratégies du Plan Maroc vert (2008–2020) et de Génération Green (2020–2030). Leur efficacité pose cependant question, du fait notamment de l’épuisement accéléré des nappes, de l’accroissement des inégalités entre agriculteurs dans les territoires irrigués (Ameur et al., 2017), ainsi que de l’augmentation marquée de la dépendance aux importations des produits vivriers de base (céréales, huile de table, sucre, etc.) (Sraïri, 2021). Ces divergences reflètent donc des parcours différents en termes de gestion des zones sèches, variant entre développement agricole et ajustement aux contraintes écologiques.
1.3 Originalité des démarches mises en œuvre
Outre les activités de recherche, qui ont donné lieu à de riches échanges entre disciplines et à des regards croisés lors de visites sur les différents terrains d’étude dans les trois pays du Maghreb, une des originalités du projet Massire est la démarche mise en œuvre, fondée sur des processus multi-acteurs (PMA). Un PMA est « une initiative conjointe entre différents acteurs d’un territoire, dans le but d’atteindre des objectifs communs allant dans le sens d’un développement durable de leur territoire. Cette initiative est mise en œuvre par le biais d’un ensemble coordonné et diversifié d’actions, telles que la production de connaissances, la mise en réseau, l’adoption de nouvelles pratiques et le renforcement des capacités » (Hassenforder et al., 2024). Le projet a constitué 17 PMA menés par des collectifs impliquant des agriculteurs, des acteurs de développement et des chercheurs dans les trois pays (Hammani et al., 2025).
L’approche par les PMA vise des changements de pratiques effectifs de tous les acteurs du territoire : pratiques de culture, pratiques de recherche, mais aussi pratiques de gestion et de collaboration. L’objectif est de décloisonner les secteurs, au niveau institutionnel et territorial, d’impliquer les populations rurales et d’éviter le verrouillage des programmes d’action en phase de démarrage de projet (Hassenforder et al., 2024). Les acteurs locaux constituent le cœur des PMA et l’enjeu est d’abord de les identifier, de créer un dialogue et de la confiance pour un engagement dans la durée. Les cadres d’intervention sont étroitement liés aux terrains et s’adaptent aux besoins spécifiques des acteurs.
À travers les échanges générés au sein du PMA, les différents acteurs partagent leurs connaissances et leurs expériences respectives, et/ou en co-produisent de nouvelles. La co-production de connaissances et le co-apprentissage sont ainsi des éléments clés de ces processus. Les différents savoirs (scientifique, professionnel, pratique, administratif, etc.) sont sur un pied d’égalité, ce qui amène à un renforcement mutuel des capacités et à des changements de pratiques pour toutes les catégories d’acteurs impliqués. Une autre originalité de la démarche consiste en la capacité à se mobiliser collectivement pour produire l’information nécessaire aux changements escomptés. Enfin, les PMA visent un engagement dans la durée. L’enjeu est de faire émerger ou « de renforcer un ou plusieurs collectifs pérennes qui assureront la continuité et le suivi des actions dans le temps, ainsi que la relation avec les autres acteurs », sans pour autant que tous ces derniers soient impliqués de manière constante dans la durée (Hassenforder et al., 2024).
Les articles présentés dans ce dossier thématique sont tous issus d’analyses ayant eu lieu dans le cadre de ces PMA. La démarche de PMA aboutit à une grande diversité d’analyses et de sujets, en fonction des dynamiques locales. La démarche a ainsi conduit à un foisonnement des sujets d’étude, d’acteurs impliqués, et de production scientifique, ce qui explique la diversité apparente des articles. Toutefois, plusieurs thématiques y sont récurrentes et étroitement liées aux enjeux communs de ces territoires : l’intégration des cultures et de l’élevage, la place des ressources, le rôle des jeunes et des femmes. Une autre thématique concerne évidemment les dynamiques d’action collective et la manière de mener ces PMA.
In fine, le croisement des activités au sein des PMA, qui ont fortement mobilisé les acteurs locaux ainsi que les investigations des chercheurs dans les différents terrains, mettent en lumière la nécessité d’actualiser les connaissances des nouvelles dynamiques qui traversent ces zones marginales des pays du Maghreb. Cela constitue un préalable incontournable à une meilleure évaluation des politiques publiques qui y sont en cours ainsi que des actions futures à y prévoir, dans l’optique d’œuvrer à une croissance inclusive, respectueuse des limites des ressources disponibles. À cet égard, la mise à profit des capacités d’innovation des collectifs locaux d’agriculteurs ainsi que des jeunes et des femmes met en lumière des perspectives de mobilisation de ces connaissances pour des interventions ultérieures (notamment par la perpétuation des PMA). Au-delà d’une production ponctuelle de savoirs, ces initiatives conjointes invitent à renverser le regard sur les zones marginales, en révélant leur potentiel d’innovation.
2 Les contributions au dossier thématique
2.1 La forte évolution des systèmes agraires dans les oasis de montagne au Maroc
Parmi les terrains d’étude abordés par ce projet de recherche, les oasis de montagne, notamment dans les communes de Msemrir et Tilmi (Haut Atlas central – Maroc), connaissent actuellement une dynamique agricole rapide, suite à leur désenclavement, malgré un ensemble de contraintes structurelles marquées : un foncier exigu, un manque d’eau en raison du climat aride, etc. Les thématiques de recherche dans ces oasis de montagne ont abordé les dimensions de l’intégration des cultures et de l’élevage, dans la diversité de leurs formes, les défis que l’élevage mobile des petits ruminants doit affronter, notamment induits par le changement climatique, mais aussi l’intensification de la production agricole à travers l’extension de la surface plantée en pommiers.
Ainsi, Sraïri et Amartini (2024) montrent que les exploitations agricoles de la région adoptent des stratégies différenciées selon leurs atouts (accès au foncier et capacités d’investissement, taille du cheptel, plantations, etc.) et la taille du groupe familial apte à s’engager dans le travail. Les résultats montrent l’importance de la diversification des activités agricoles (élevage, cultures vivrières, etc.) et extra-agricoles dans la résilience des exploitations. Le couplage cultures-élevage, avec les flux de matière qu’il englobe (fumier, fourrages cultivés, coproduits de cultures, etc.), ainsi que la capacité de travail du groupe familial et l’accès à des revenus extra agricoles, sont au cœur des possibilités d’adaptation de l’agriculture de montagne aux effets du changement climatique.
Ce dernier impacte aussi directement les perspectives de résilience de l’élevage pastoral (Hamzaoui et al., 2024). Certes, cette activité a pu bénéficier de quelques initiatives étatiques (aliments subventionnés et campagnes prophylactiques) ainsi que des effets de l’introduction des déplacements en camions. Cependant, l’ampleur du travail et la pénibilité des tâches que l’élevage pastoral nécessite rendent très compliquée son adaptation aux évolutions en cours : le changement climatique diminue drastiquement l’offre fourragère issue des parcours de montagne, et cette tendance est amplifiée par le blocage des couloirs de transhumance. En effet, l’appropriation par des acteurs privés de pans du foncier collectif pour y implanter des projets arboricoles entrave la mobilité des troupeaux et limite l’accès à des ressources autrefois disponibles. En outre, l’épisode en cours d’inflation mondialisée augmente sensiblement les coûts des aliments de complémentation des troupeaux, affectant la rentabilité souvent déjà faible de ces activités, ce qui remet en cause leur attractivité pour les jeunes.
Toujours en lien avec les évolutions de l’élevage pastoral dans le Haut Atlas central, El Aayadi et al. (2024) ont établi une carte d’exploitation des ressources, sur 35 ans (de 1985 à 2020). Ils ont aussi procédé à la modélisation de l’évolution des pâturages en 2030, et ils montrent que les effets combinés et répétitifs des sécheresses ainsi que la sédentarisation des troupeaux vont entraîner la surexploitation des parcours les plus proches des villages de montagne, pouvant même déboucher sur leur détérioration irréversible.
L’article de Lozzi et al. (2024) propose un diagnostic agronomique et une typologie des exploitations pomicoles. L’analyse des pratiques culturales y révèle une hétérogénéité au sein des exploitations, avec un morcellement accentué et une faible mécanisation due à l’exiguïté du foncier agricole. Les résultats montrent : i) trois groupes d’exploitations qui se distinguent essentiellement par leurs superficies et leurs niveaux de technicité ; et ii) deux niveaux de performance au sein de chaque groupe d’exploitations, en fonction du coût de revient des pommes, des rendements réalisés et de l’efficience d’utilisation de l’eau et des engrais azotés.
2.2 De nouvelles formes d’entrepreneuriat pour les jeunes et les femmes
Parallèlement à ces dynamiques agricoles, l’entrepreneuriat connaît également des transformations significatives au Maghreb, en particulier parmi les femmes et les jeunes des régions oasiennes. Dans ce dossier thématique, quatre articles analysent l’entrepreneuriat dans les différentes régions d’étude, et ce, sous différents angles, et mettent en lumière les défis et les stratégies adoptées par les jeunes entrepreneurs. Tout d’abord, Maamar et al. (2025) analysent les processus de négociation intergénérationnelle des savoirs dans l’oasis de Ferkla au Maroc. Ils montrent que l’expansion des activités agricoles dans les oasis est portée, depuis les années 1970, par une implication conjointe des jeunes et de leurs aînés, qui mobilisent différents types de savoirs. Cela va de la gestion des pratiques culturales et de l’eau d’irrigation, au montage des dossiers administratifs (afin de bénéficier des appuis financiers ou techniques d’institutions étatiques), et aux pratiques de commercialisation. Lors de ces échanges, les jeunes et leurs aînés se rapprochent. Cette répartition générationnelle en termes de types de savoirs peut s’expliquer par deux facteurs principaux : d’une part par l’élévation du niveau scolaire et par le fait qu’être plus jeune favorise les capacités de l’individu à interagir avec les autres, d’autre part, par l’essor des nouvelles technologies d’information et de communication facilitant l’accès aux savoirs au-delà du territoire.
Bouzid et al. (2024) se penchent sur les nouvelles opportunités d’entrepreneuriat pour les femmes oasiennes du Sud algérien. Ces femmes, en revitalisant l’artisanat traditionnel et en innovant pour répondre aux besoins contemporains des populations locales, initient une trajectoire vers une plus grande indépendance financière. Le numérique, en particulier les réseaux sociaux, joue un rôle crucial en leur offrant des plateformes de formation, de communication et de vente. Ce phénomène favorise leur autonomisation sociale et économique, les positionnant comme des actrices essentielles au sein de leurs communautés.
Ensuite, Bossenbroek et al. (2024) examinent les expériences des femmes du Sud-Est marocain face aux transformations des oasis. L’étude révèle que ces femmes jouent un rôle central en s’engageant dans diverses activités économiques, valorisant leur travail et promouvant les produits locaux. En réponse aux défis environnementaux, elles développent de nouvelles aspirations et initiatives, adaptant leurs pratiques pour gérer la rareté des ressources, notamment l’eau. Les opportunités d’éducation et de formation, ainsi que l’expansion des réseaux sociaux, ouvrent de nouvelles perspectives, permettant à ces femmes de réinventer leurs rôles et de participer au renouvellement de l’espace oasien.
Enfin, Kaab et al. (2024) explorent la perception des jeunes entrepreneurs, notamment des femmes, dans la région de Kébili en Tunisie, vis-à-vis de l’accompagnement entrepreneurial. Malgré un environnement législatif favorable et de nombreux organismes de soutien, les jeunes entrepreneurs perçoivent cet écosystème comme complexe et peu accessible. Les obstacles majeurs incluent l’accès au financement et les contraintes personnelles et sociales. Pour surmonter ces défis, ils se tournent vers des experts, des formations spécialisées et le financement participatif. Les auteurs suggèrent des améliorations, notamment la création d’une plateforme unique pour clarifier les opportunités, le renforcement des formations en gestion et la mobilisation d’outils virtuels pour l’émancipation sociale. Cette étude souligne également la nécessité d’adapter l’accompagnement entrepreneurial aux besoins spécifiques des jeunes, en particulier des jeunes femmes. Ces travaux mettent en lumière la résilience et la capacité d’innovation des entrepreneurs maghrébins, tout en soulignant l’importance de structures de soutien adaptées à leurs besoins spécifiques pour favoriser un développement économique inclusif et durable.
2.3 L’action collective, moteur de changement pour la gouvernance des territoires
Deux autres articles s’intéressent aux dynamiques de l’action collective dans les oasis et notamment dans le cadre spécifique des PMA. L’article de Ferchichi et al. (2024) rend compte d’une expérience de PMA reposant sur l’utilisation de supports cartographiques dans les démarches participatives pour renforcer l’implication des acteurs locaux, faciliter la production et le partage de connaissances, améliorer la compréhension des dynamiques et des enjeux territoriaux et initier un dialogue entre les acteurs impliqués dans la gestion des ressources en eaux souterraines de la région de Kébili. Cette étude souligne que le processus de visualisation cartographique a permis aux agriculteurs d’établir un lien entre les modes de gestion actuels des extensions de palmeraies et la dégradation quantitative et qualitative des eaux souterraines. En outre, cette approche a facilité les discussions sur le sujet controversé des extensions agricoles, qui continue de susciter des tensions entre les agriculteurs et l’administration régionale. Ce travail montre que l’approche mobilisée a contribué à développer la confiance et la collaboration entre les acteurs, ce qui est essentiel pour réfléchir à l’avenir de leur région et pour construire des plans d’action mieux adaptés aux réalités locales. Les auteurs concluent que constituer une représentation partagée d’un territoire, des enjeux et des scénarios futurs est nécessaire, voire un prérequis indispensable pour construire une gestion des ressources naturelles collective et durable.
Par ailleurs, l’article de Zein Taleb et al. (2024) s’intéresse à la création d’organisations de développement local, telles que les coopératives, dans les oasis du Maroc. Cette création, massive ces dernières années, relève à la fois d’une stratégie opportuniste de la part des populations rurales, et d’une injonction des pouvoirs publics en vue d’associer ces populations aux responsabilités de développement territorial. Ces dynamiques reposent sur la capacité des leaders de ces organisations à se saisir des mécanismes offerts par les pouvoirs publics et les bailleurs de fonds pour mener des actions de développement sur leurs territoires. Cette recherche questionne la réussite de la relève au sein de ces organisations et interroge la problématique cruciale de l’autonomisation des organisations non-gouvernementales et des organisations professionnelles agricoles. Le renforcement des capacités individuelles et collectives est primordial, et son amplification permettrait aux leaders d’assimiler et d’ajuster continuellement le modèle économique de leurs organisations, de concevoir des projets adaptés aux appels à projets internationaux et de se professionnaliser en vue de sécuriser le financement de leurs activités.
3 Perspectives et conclusion
Le présent dossier thématique a permis de mettre en lumière des dynamiques essentielles aux zones vulnérables, révélant des approches innovantes et des limites à surmonter. L’approche basée sur les processus multi-acteurs (PMA) s’avère en cela fondamentale, facilitant l’intégration des savoirs locaux et la co-construction de solutions aux défis agricoles et climatiques. Les résultats obtenus visent à renforcer la résilience des systèmes agricoles par le biais de pratiques agro-écologiques et de conservation des ressources, tout en mettant en lumière certains obstacles, tels que le manque de coordination, de financements et d’infrastructures.
3.1 Perspectives de développement de ces zones : « ne pas couper le fil »
Le développement des zones rurales et agricoles au Maghreb se heurte à des défis majeurs, notamment des pressions écologiques, des changements démographiques et des contraintes économiques (Bessaoud, 2011). Dans ce contexte, les perspectives de développement nécessitent de maintenir un « fil » de continuité dans les initiatives amorcées. Ce fil n’est pas le prolongement des logiques descendantes ou extractives. Il s’agit plutôt de construire des passerelles de communication dans les deux sens, afin de favoriser la co-construction des projets de développement. Les démarches expérimentées dans ces travaux, notamment celles fondées sur des processus multi-acteurs, ont fourni des outils concrets pour appuyer cette co-construction. Pour y parvenir, un investissement accru et pérenne de la part des pouvoirs publics est essentiel. Un soutien structurel et financier durable est fondamental pour consolider les avancées réalisées grâce aux réformes et aux études menées dans ces régions vulnérables, et pour garantir une évolution constante des systèmes agricoles et ruraux. Cela suppose ainsi de reconnaître les savoirs locaux et les dynamiques collectives comme des leviers centraux du changement, et de reconfigurer les relations entre acteurs locaux et institutions.
Les récentes réformes institutionnelles ont certes permis l’émergence d’organisations rurales, offrant de nouvelles opportunités pour l’action locale autonome (Bessaoud, 2008 ; Hamamouche et al., 2022). Toutefois, le développement de ces organisations est freiné par des contradictions systémiques, d’où la nécessité de politiques publiques fortes pour réformer la répartition des richesses et les structures de pouvoir. Les responsables publics doivent donc percevoir ces initiatives portées par la recherche comme des investissements à long terme, et non comme des interventions temporaires et/ou spontanées, pour construire une résilience durable et générer des opportunités de développement pour les communautés locales.
3.2 L’avenir de la recherche dans ces zones
Les recherches sur les territoires marginaux des pays du Maghreb mettent en lumière l’importance des approches participatives et des stratégies de développement territorial. Influencées par les organisations internationales et les politiques de développement rural, ces approches visent à favoriser l’émergence de nouveaux acteurs de la société civile et à construire collectivement le territoire (Boudedja, 2013).
Les questions soulevées et les solutions expérimentées dans ces contextes révèlent l’importance de prolonger les efforts de recherche au-delà des projets spécifiques. Les méthodes de recherche participative se sont révélées efficaces pour traiter des problématiques complexes liées au développement durable des systèmes agricoles et des territoires. L’approche des processus multi-acteurs (PMA), qui constitue la base de travail dans ce dossier thématique, a démontré sa capacité à offrir un cadre participatif et adapté aux réalités locales, en favorisant des échanges dynamiques entre divers intervenants souvent isolés. Cela a non seulement enrichi les recherches, mais aussi renforcé les réseaux d’innovation à l’échelle locale.
Cette approche permet de connecter à la fois différents « secteurs » (la gestion de l’eau, l’agriculture, etc.), mais aussi différents mondes tels que la recherche, la formation, et l’appui au développement, et de tirer parti des synergies possibles. Les chercheurs ont été partie intégrante de ces dialogues, orientant ainsi leurs recherches en fonction des contextes et des besoins locaux. De nouvelles perspectives de recherche ont été ouvertes, que ce soit en termes de méthodologie de recherche participative, d’analyse des dynamiques collectives en œuvre ou de solutions agronomiques et techniques pour des territoires plus durables.
Cependant, la notion de développement durable, bien que clé pour les politiques publiques territoriales, peut parfois être instrumentalisée par des acteurs aux intérêts divergents (Villalba et Petit, 2014). L’avenir de ces projets dépend donc de l’établissement de nouveaux dispositifs installés dans la durée, tels que des PMA pérennes (qui peuvent s’apparenter à ce qui est aussi appelé dans la littérature scientifique récente des ‘living labs’), garantissant le suivi et l’entretien des travaux réalisés. En instaurant ces PMA comme structures de soutien permanentes, on s’assure que les recherches, les développements techniques et les collaborations locales ne s’interrompent pas brusquement à la fin des projets. Ces plateformes sont donc essentielles pour adapter les résultats obtenus aux besoins évolutifs de ces zones fragiles. Elles ouvrent ainsi des perspectives prometteuses en matière de méthodes participatives, d’analyse des dynamiques collectives, et de développement de solutions techniques et agronomiques, tout en renforçant les synergies entre recherche, formation et développement au service des communautés locales.
Remerciements
Les coordonnateurs de ce dossier thématique remercient les auteurs y ayant contribué. L’appui financier du Fonds international pour le développement agricole (FIDA – Rome) a été décisif pour la conduite de toutes les activités en lien avec le projet Massire. Les auteurs remercient aussi les populations locales impliquées, les associations et organisations professionnelles ainsi que les organismes étatiques (directions agricoles, autorités administratives, etc.) qui ont facilité les investigations et les initiatives de développement instituées dans chaque terrain d’étude. Enfin, les auteurs remercient aussi les évaluateurs anonymes du manuscrit, pour leurs remarques pertinentes.
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Citation de l’article : Sraïri MT, Ameur F, Mekki I, Lejars C. 2025. Les zones arides et marginales du sud du Maghreb : un vivier d’opportunités pour un développement humain et territorial équilibré. Cah. Agric. 34: 21. https://doi.org/10.1051/cagri/2025021
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